Je n’en peux plus de recevoir toutes sortes de fausses informations, de conseils bidons ou de « il paraît que… ».
Comme tout le monde, je suis bombardée d’infos contradictoires, plus ou moins justes, et surtout insuffisamment vérifiées. L’envie m’est venue de partager avec vous mon expérience, car j’ai découvert une façon de m’informer qui peut être utile à d’autres, en tous cas, fournir des pistes de réflexion.
A force de porter des jugements erronés, de revenir sur mes pas, de me dire « Finalement non, il ou elle avait raison…», pour m’apercevoir que moi, j’avais peut-être raison... Bref ! A force de me perdre en conjectures, j’ai cherché et me suis dotée de quelques outils pour conserver mon libre-arbitre, revenir à un peu plus de sérieux, à du factuel, et vous savez quoi ? J’ai appris à réserver mon opinion, à ne plus relayer n’importe quelle info. à retenir le clic intempestif, et à me méfier. D’abord des réactions à chaud, des miennes en premier, et aussi de celles véhiculées par les médias qui ont un intérêt caché, à but commercial, politique, idéologique ou autre.
Aujourd’hui, il est donc plus que jamais nécessaire de faire le tri dans cette surabondance et ce flot continu d’infos, en s’appuyant sur des compétences professionnelles, journalistiques, scientifiques ou autres, mais pas que, car les lanceurs d’alerte ont aussi voix au chapitre et sont souvent très « pointus » dans leur domaine.
Voyons d’abord comment notre tête fonctionne pour trier les informations reçues et exercer sa pensée critique.
Trouver et comparer l’information
A l’école, les élèves sont formés à l’éducation aux médias dite EMI, car elle fait partie intégrante du programme de l’Éducation nationale, mis en œuvre depuis de nombreuses années grâce au réseau Canopé et au travail remarquable du CLEMI, Centre pour l’éducation aux médias et à l’information, qui utilise Topo et la Revue dessinée dans ses modules de formation à l’EMI. Pour les jeunes, voir aussi Geek junior sur le Covid 19.
Mais qu’en est-il des adultes qui n’ont pas bénéficié de ce socle de compétences d’analyse critique ?
Pour trouver la bonne info, il faut chercher, CQFD me direz-vous ! Ce n’est pas si simple, car se pose alors la question, abstraction faite de nos biais cognitifs comme vu précédemment, de la liberté d’expression et d’information face aux géants du net (les GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Il faut faire l’effort de sortir de la bulle informationnelle dans laquelle nous sommes enfermés par rapport à nos propres traces sur le net et aux contenus dits « personnalisés ». Par conséquent, certaines sources ne nous seront jamais proposées si nous n’allons pas les chercher, ou si nous ne veillons à prendre certaines précautions pour circuler librement sur la toile.
Une façon de s’informer consiste à suivre les conférences TED ou les TEDx qui sont des supports de diffusion de savoirs spécifiques, qui propagent des idées pour changer le monde. Vous les trouverez en ligne gratuitement ici . Organisées dans les grandes villes (Paris, Rennes, Marseille…), elles rassemblent toutes sortes d’intervenants, de l’astronaute Thomas Pesquet en passant par Mathieu Ricard, également des scientifiques de toutes les disciplines. Évidemment, il faut aussi écouter le petit mouton noir de la bande qui analyse le phénomène ;)
Pratique salutaire : le « fact checking » ou la vérification des faits
Bonne nouvelle : nous ne sommes pas démunis, nous avons des outils !
Lisez cet article du Monde paru le 13 février 2018 sur les anti-conspirationnistes. Il fait référence à des sites très intéressants qui mettent en ligne des visioconférences, des documentaires sur un tas de sujets, comme La Tronche en biais ou Hygiène mentale .
Autres sites de décodage d’info : Factuel AFP avec les démentis officiels, les vraies déclarations, le contexte... Le Décodex du Monde, à utiliser sans modération, sans jeu de mot ;)
Pour les fans de chiffres sous forme d’infographies, Datagueule propose des petites vidéos didactiques de 15 minutes bien documentées. Quelquefois, un bon schéma vaut mieux que de grands discours.
Autre pratique utile : la recherche inversée d’image
La recherche inversée d’images permet de vérifier la source d’une image, de savoir si elle est truquée ou sortie de son contexte…
Comment procède-t-on ? Il suffit de saisir l’URL de l’image, photo… ou de la copier / coller dans Google Images ou Tin eye pour savoir sa provenance, la date… et ainsi vérifier si l’info diffusée est exacte. Cela permet aussi de voir si d’autres médias ont traité cette même info et de quelle façon. En image ci-dessous :
Débunkons de concert !
Si certains communiqués sont des canulars inconséquents, d’autres ont une portée très grave, dont les enjeux sont purement et simplement la déstabilisation des démocraties, ou encore attiser, susciter des conflits entre différentes communautés et sont à visée manipulatoire.
Alors qu’est-ce que « le débunkage » ? Cela signifie démystifier une information, montrer qu’elle est erronée.
Saisir dans un moteur de recherche « débunkage » suivi du sujet qui vous intéresse comme homéopathie, véganisme… et là, vous aurez tous les articles parus, l’analyse des faits, le vrai du faux et vous pourrez vous faire une opinion.
A ce titre, un article de LCI titre « Informations sur Internet ? » et cite notamment des plateformes spécialisées dans le "débunkage" comme hoaxbuster (traduction : chasseur de canulars) ou hoaxkiller (tueur de canulars). Promenez-vous sur ces sites : vous en apprendrez de belles… c’est réjouissant ! Rien que sur le Covid 19 : il y a de quoi faire...
Vous trouverez également un « Petit guide de débunkage pour lecteur de presse », bien utile sur le site du Comptoir.
Et si vous n’aimez pas LCI, visitez le site Acrimed qui analyse le langage utilisé par les commentateurs de l’actualité entre autres, édifiant !
Personnellement, j’aime bien celui-ci (le nom m’inspire) : « Le debunker des étoiles », c’est poétique ! En ce moment, il torpille les vidéos virales, là avec jeu de mot ;) sur un pseudo-vaccin contre un certain virus… Il existe aussi une plateforme collaborative. Là, normalement, vous êtes parés !
La zététique, démarche philosophique !
« La zététique », kesako ? C’est l’art du doute qui aide à construire son propre jugement. Donc rassurez-vous, si vous doutez, vous êtes en bonne voie, car ce faisant, vous pratiquez la zététique.
Qui n’a pas éprouvé le doute, la difficulté à trouver une vérité acceptable, à faire une synthèse sur un sujet controversé, tout simplement à se faire une idée claire d’une situation interprétée, sur-interprétée par certains médias. Il est navrant de constater que la presse de commentaire prenne une part de plus en plus importante au détriment de l’information d’investigation véritablement sourcée et instructive. Les mooks sont une exception, car ils prennent le temps de traiter les sujets en profondeur dans de grands dossiers. C'est le concept dit « slow press ».
Sur la zététique, Mr. Sam - Point d'interrogation parle du scepticisme. S’il est introduit dans des buts nocifs et non avoués via certains réseaux sociaux, il peut être une qualité pour tout internaute qui cherche à s’informer. Voir
En résumé, avec un peu de vigilance, toute information est bonne à prendre, à condition que son argumentation soit sérieuse. Évidemment, parmi toutes les ressources citées, certaines vont peut-être se contredire, ou pas, là encore le consensus n’existe pas : à nous de faire marcher la boîte à cerveau… Cette sélection est non-exhaustive évidemment et ne demande qu’à être augmentée de vos participations. Aussi n’hésitez pas à nous faire part de vos trouvailles.
Ah oui, faites attention aux sites satiriques qui passent l’actualité politique, sportive, people… à la moulinette de l’humour et créent volontairement de fausses informations. Elles sont signalées, mais on peut se laisser prendre… Le plus connu des internautes est sans doute le Gorafi (anagramme de « Figaro »), suivi par BMF News (Bonnes Mais Fausses News), l’Immunité (parodie de l’Humanité, lol), et bien d’autres mentionnés dans cet article du site 20 minutes.
Et pour rire un peu de tout ça, voici ma prescription à consommer sans… (non, je l’ai déjà dit !) les journalistes ou la revue de presse…
Un petit dernier pour rester en mode humour, et parfois trash, car ce n’est pas interdit, chacun peut librement choisir ses sources d’infos, vous avez Defakator : ça veut tout dire…